Mythes sur les soins de la peau au collagène démystifiés par les dermatologues

En tant que protéine la plus abondante du corps, le collagène constitue 70 à 80 % du poids sec de la peau, fonctionnant comme son cadre architectural. « Les fibres de collagène agissent comme un échafaudage biologique, maintenant l'élasticité et le volume de la peau », explique le Dr Jeannette Graf, dermatologue basée à New York. « À partir de la vingtaine, la production de collagène diminue d'environ 1 % par an, accélérée par l'exposition aux UV, la pollution et la glycation due au métabolisme du sucre. »

Malgré la prolifération des sérums et des crèmes, les molécules de collagène intactes sont trop grosses pour pénétrer l'épiderme. « C'est comme forcer un ballon de basket à travers un trou de serrure », compare Graf. Le collagène hydrolysé — décomposé en peptides plus petits — montre une meilleure absorption, mais les preuves cliniques restent peu concluantes quant à sa capacité à stimuler la nouvelle synthèse de collagène.

Le Dr Marie Hayag, dermatologue cosmétique, note : « Bien que les peptides hydrolysés puissent atteindre le derme, leur capacité à activer l'activité des fibroblastes manque d'une validation clinique robuste. Ces produits offrent principalement des avantages humectants en améliorant l'hydratation de la peau. »

Le collagène ingéré subit une dégradation digestive en acides aminés qui peuvent servir d'éléments constitutifs à la régénération de la peau. « Les suppléments oraux fournissent des matières premières que le corps peut allouer là où cela est nécessaire », observe Hayag. Cependant, elle prévient que la FDA ne réglemente pas les suppléments, ce qui nécessite une vérification par un tiers pour la pureté et l'exactitude du dosage.

Graf recommande le collagène marin ou bovin élevé en pâturage (types I et III) pour le soutien de la peau et des articulations, tout en soulignant qu'un apport équilibré en protéines provenant d'aliments entiers suffit souvent.

Les deux dermatologues identifient les rétinoïdes comme l'étalon-or pour l'induction du collagène. « Les rétinoïdes régulent à la hausse l'activité des fibroblastes et normalisent le renouvellement des kératinocytes », explique Graf. Le rôle de la vitamine C dans la biosynthèse du collagène et les écrans solaires protecteurs contre les UV reçoivent également une approbation universelle.

Hayag ajoute : « Les peptides et les facteurs de croissance se révèlent prometteurs en tant qu'alternatives plus douces aux rétinoïdes, fonctionnant comme des messagers cellulaires pour favoriser la production de collagène. »

Alors que le collagène topique offre une hydratation temporaire, la supplémentation orale peut apporter des bénéfices systémiques. Cependant, les dermatologues s'accordent à dire que la prévention — grâce à une protection solaire rigoureuse et à l'utilisation d'antioxydants — surpasse les tentatives d'inverser la perte de collagène. « Préserver le collagène existant est plus efficace que de chercher à le restaurer », conclut Hayag.